Des mots une histoire 43
Des mots une histoire 43
Des mots une histoire
Sur le thème de mots imposés d’Olivia Billington, création d’une histoire d’après :
triptyque – cheminée – essentiel – biscuit – circonvolution – abbatiale – licorne – porte – masque – destinataire – délicatesse – hybride – douce – guignolet – lécher – désemparé – suriner – châtaigne – vache – platane – dérapage
Le voyage 2
Par une fenêtre, l’un des cousins regardait au-dehors, tandis que son homonyme était parti se sustenter au restaurant du train. En passant par divers compartiments, il traversa un couloir qui jouxtait des wagons-lits. Assis à une table du wagon-restaurant, il demanda un guignolet qu’il sirota en attendant sa commande. L’autre cousin restait en admiration devant l’étrangeté de la trame de cette toile, dont les fils s’entrecoupaient de rails éclatants. A travers une trouée, il surprit des cygnes argentés s’ébattre sous une lune rousse. Plus loin, il fut étonné d’entrevoir d’autres percées dans la toile, dont une où des vaches vertes léchaient des prés bleus à l’ombre de platanes d’où pleuvaient des châtaignes roses. Chacune de ces brèches ouvrait sur un monde singulier. Plus loin, un couple de licornes hybrides caracolait sur une colline tout près d’une arche abbatiale. Tout un chacun savait où il montait, mais ignorait sa destination jusqu’au dernier moment. Parfois le train ralentissait et des usagers semblaient s’évaporer dans une exhalaison brumeuse, puis le train reprenait son allure enthousiaste. Certains cependant hésitaient et ne se risquaient pas tout de suite à s’éclipser, ils demeuraient en suspens un instant avant de réapparaître sur leur siège. D’autres encore restaient à bord parfois très longtemps. Les deux cousins craignaient par dessus tout d’être séparés définitivement. Sachant cela, ils s’étaient néanmoins embarqués dans cette aventure et ne le regrettaient pas. Détournant un instant son regard de la toile floue, le cousin vit un homme emmailloté dans une capeline d’un autre âge. De ce manteau ne dépassait que le bout de ses chaussures noires. Dissimulé sous un chapeau à large bord, un masque pâle, dont le nez appuyait l’aigu du visage, le fixait étrangement. Désemparé par ce coup d’œil surin, le cousin détourna rapidement les yeux. Au centre de la toile, une gare dont les portes s’évasaient en triptyques, se trouvait être une étape essentielle où le train déposait parfois quelques lettres et colis pour leurs destinataires. Puis faisant siffler ses cheminées, il repartait dans de nouvelles circonvolutions vers un autre embranchement de la toile. Parfois pressé, l’arrière train partait en dérapage, alors, avec délicatesse, la locomotive redressait son écart. Depuis quelques minutes, le cousin sentait une sorte de tiraillement, rien de précis, mais il ignora le phénomène et attendit que son homonyme revienne. Celui-ci apparût bientôt et lui tendit un énorme sandwich ainsi qu’un doux biscuit à la cannelle et une canette de bière. Le tiraillement se fit plus intense et son cousin lui annonça qu’il était arrivé juste à temps pour lui faire ses adieux. Une dernière accolade scella le destin des deux cousins.
Oct 14, 2011 @ 14:35:41
J’aime beaucoup cette balade en train entre rêve et réalité ! Plus de fantastique d’ailleurs, mais un vrai bonheur : 🙂
Oct 14, 2011 @ 14:59:46
Merci Asphodèle. 🙂