Des mots une histoire 53
Des mots une histoire 53
Des mots une histoire
Sur le thème de mots imposés d’Olivia Billington, création d’une histoire d’après des mots imposé.
Les mots récoltés pour l’édition 53 de Des mots, une histoire sont : pamplemousse – bonheur – insomnie – feu – artifice – mensonge – niais – pelouse – tarification – irremplaçable – vamp – tourbillon – pierre – choux – abside – mousse – chœur – douceur – désir – marmelade – trousser – perroquet – carrefour – bouquet – bas – lumière – désespoir – astragale – hologramme
Retour au voyage immobile
Lors de notre dernier arrêt dans la ville imaginaire, nous l’avions retrouvée toute inondée. Imaginez le chœur de la cathédrale obligé de trousser ses jupes jusqu’à son abside afin d’éviter de prendre trop d’eau. Ses astragales murés dans le désespoir, craignaient de voir la mousse s’agglutiner dans leurs replis. Je crois me souvenir également que les trains voguaient et que les véhicules étaient métamorphosés en pierres. La lumière du petit matin nous avait révélé la marmelade dans laquelle se retrouvaient les habitants, qui ne reconnaissaient plus leur cité. Lors de la décrue, des tourbillons manquèrent d’emporter un groupe de personnes qui s’étaient lancés dans la quête du bonheur. Reflété sur la surface lisse des buildings, l’artifice des feux de signalisation masquait les vamps qui habillaient les vitrines des magasins. Tels de joyeux hologrammes, des rafales de vent s’exprimaient en arabesques sur les eaux agitées. Un bouquet de gondoles surgit à l’angle d’un carrefour pour venir stationner en douceur sur des pelouses à peine immergées. Dans cet univers chamboulé, les gens se prirent d’un désir de réalité. Seulement, des nuits d’insomnies ne leur donneraient pas l’ombre d’un espoir de retour à la normale. Ils étaient coincés ici-bas et aucun mensonge, aussi niais fût-il, ne les ramènerait à l’ordinaire. De nouvelles règles s’appliquaient, comme cet arbre qui poussait au hasard de ses envies. Y éclorent pêle-mêle de savoureux pamplemousses, des roses bleues, ainsi que d’énormes choux rouges. Un perroquet jaune vint s’y poser avant d’annoncer la tarification des fruits, légumes, ou fleurs qui y bourgeonnaient. Des géants apparurent et écrasèrent les immondes immeubles gris, pour déposer à la place des maisonnettes aux toits colorés et aux jardins aménagés. Les irremplaçables rues se pavèrent de bonnes intentions, en laissant de la place aux piétons.