Des mots une histoire 54
Des mots une histoire 54
Des mots une histoire
Sur le thème de mots imposés d’Olivia Billington, création d’une histoire d’après des mots imposé.
Les mots imposés pour Des mots, une histoire 54 sont : erreur – tendresse – train – thorax – scolopendre – lutte – inconnu – inexorablement – boue – pavillon – compagnie – foyer – neige – étude – mésange – flocon – accoster – désorienté – parcours – tomate – chanter – gare – livre
La ville inondée
Y aurait-il une erreur ? On nous avait chanté la neige, mais pour le moment, les flocons voluptueux n’ont investi que certaines régions. Je suppose qu’il nous faut patienter un peu. Pour cela, je vous propose de découvrir ce qui se passe après l’inondation de la ville fantasmagorique. Comme aucune étude sur le sujet n’a été menée, je ne sais pas par quoi commencer.
Les modes de transport ordinaires ne fonctionnent plus, des gondoles fraient avec des trains insubmersibles qui flottent au gré de rues pavées. Des arbres poussent ça et là, ils portent toutes sortes de fruits et de fleurs, qui alourdissent leurs branches et ombragent les petites maisons qui ont remplacé les immondes immeubles gris. Mais les citadins ne se sont pas encore faits à ce nouveau milieu et ils cherchent désespérément des points de repère qui n’existent plus. Tous les véhicules personnels n’étant plus disponibles, emprunter les transports en commun est désormais la seule option des gens. Durant le parcours du train entre les pavillons, les passagers peuvent admirer des mésanges bleues qui planent au-dessus d’un minuscule marché multicolore. Puis inexorablement, le train vient accoster à la gare centrale de la ville. Sur les quais, les gens transitent entre deux destinations, s’interrogent du regard, sans vraiment oser croire à ce qu’ils voient autour d’eux. Mais le reflet des trains voguant sur leurs lits les rappellent à leur égarement.
Un soleil réparateur envahit soudain la ville et l’eau accumulée dans les rues commence à s’évaporer. Avec la décrue qui s’annonce, de la boue s’amoncelle en petits tas qui se tiennent compagnie. Par endroit, elle s’est même agglomérée suffisamment pour que de petites scolopendres viennent s’y déployer. Le thorax bombé, les plantes luttent fièrement afin de conserver leur monticule terreux.
Désormais assise sur une butte herbeuse, la gare surplombe la cité. Elle écrase tout l’ancien quartier de sa volupté. De là, on dispose d’une vue imprenable sur le marché et l’on peut suivre un couple entrelacé de tendresse, goûter une livre de tomates.
Puis, vient l’heure du retour à la maison, les travailleurs reprennent leur train flottant, sans avoir la certitude de se rendre au bon endroit. Encore désorientés par le brusque changement de leur environnement, des inconnus se côtoient sans se regarder. Ensuite, chacun regagne très vite son foyer, de peur de ne pas le retrouver.