Des mots une histoire 72
Des mots une histoire 72
Des mots une histoire
Sur le thème de mots imposés d’Olivia Billington, création d’une histoire d’après des mots imposé.
La nouvelle récolte pour Des mots, une histoire 72 a donné ceci comme mots imposés :
distance – parenthèse – éperdue – instinct – emmurer – aporie – gigolo – archet – charbon – force – exagération – rentrée – inspiration – euphorie – sensible – attitude – majolique – étranger – péripétie – raisins – impertinent
Destin emmuré
Dans une parenthèse, un gigolo m’a rapporté son histoire avec laquelle il aurait pris une certaine distance. Cependant, je crois à une exagération de sa part, cette péripétie rocambolesque ne saurait être réelle.
Il y a deux ans, lors de la rentrée scolaire, emprunt d’une euphorie irrépressible, il aurait joué les instituteurs afin de prendre dans ses filets une mère sensible et surtout très très riche. L’instinct l’avait poussé avec force à une attitude bien impertinente et il avait poussé le bouchon trop loin.
Tout d’abord, les choses se passèrent bien, il jouait du violon à ses élèves, sans heurter l’archet trop violemment contre l’instrument, mais au fil des séances de musique, son naturel revint au galop et il se mit à sortir des sons stridents et hachés qui grinçaient sur le crin au lieu de glisser souplement. Les gens se mirent à se poser des questions sur ce curieux instituteur qui enseignait une musique si dissonante.Puis vint le tour de ses leçons de mathématiques excentriques. Il faisait compter les étages des immeubles à ses élèves pour leur apprendre à compter. Le comble se déroula lors d’un après-midi froid où il avait entassé des sacs de charbon dans le couloir pour enseigner les multiplications. L’élue de ses attentes ne lui prêtait aucune attention, mais il s’obstinait.
Finalement, il fut repéré par l’administration qui le convoqua et lui demanda des explications sur ses méthodes pédagogiques. Il expliqua qu’elles venaient de l’étranger, du pays des raisins et de la majolique, d’inspiration italienne. Son raisonnement ne convainquit pas et il fut expulsé juste avant les vacances de la Toussaint. Sa quête éperdue pour conquérir la belle et riche veuve fut un échec et il se perdit en une aporie et dériva jusqu’à ce qu’il se résolve à quitter définitivement la région. Pour conclure, il fit croire aux habitants du village qu’il s’était fait emmurer dans la maison qu’il louait et qu’il y était mort, par crainte de représailles. Depuis, il a changé de nom et de situation.