Des mots une histoire 89
Des mots une histoire 89
Des mots une histoire
Sur le thème de mots imposés d’Olivia Billington, création d’une histoire d’après des mots imposé.
Liste des mots imposés de l’édition 89, Des mots une histoire, sont : piscine – implacable – serpent – réveiller – débarquer – jambe – aigre – échapper – guerre – furtif – oraison – s’élever – mythe
Histoire de ferronnerie 7
C’est en furtifs que le forgeron et sa fille quittèrent le village. Ils attendirent que la nuit tombe et lorsque tout le monde ronflait, ils purent s’échapper, tels des serpents se faufilèrent jusqu’à la sortie du bourg, laissant derrière eux la forge refroidir doucement. Ils firent si peu de bruit qu’ils n’éveillèrent même pas les chiens. Le mythe dirait ce qu’il voudrait, le forgeron s’en fichait, l’implacable main du destin l’envoyait vers d’autres horizons et il le suivrait, comme toujours. En oraison, il jeta un dernier coup d’œil au bourg où il ne regretterait personne. Mais lors de la longue marche il s’occupa l’esprit en songeant aux jours passés, si loin maintenant.
Ils fuyaient depuis plusieurs mois, mais les chiens les avaient rattrapés, alors que sa femme venait d’accoucher. Les cris des bébés attirèrent leurs poursuivants et ils furent pris. Le baron, qui ne pouvait concevoir d’enfant, tint ma Mathilde par les cheveux, lui assurant la vie sauve en échange de son fils. Encore sous le choc des coups de ses sbires, je ne réagis pas assez vite. Lâchant ma femme, le baron surgit littéralement devant moi, et plongea son poignard dans mon torse. Trop énervé, il manqua le cœur et érafla mon poumon gauche avant de bloquer la lame entre mes côtes. Je fis le mort et l’entendis cracher à ses hommes de m’abandonner aux loups avec ma fille.
C’est cette vieille douleur qui réveilla le forgeron. L’humidité s’était insinuée sous ses vêtements et il décida d’allumer un petit feu, afin de chasser le froid et de cuire un peu de viande salée. Les jambes raides, il s’activa tandis qu’Aurore dormait encore. La guerre s’était répandue jusqu’aux frontières du nord, et il ne savait pas s’ils pourraient traverser les terres du baron. En attendant, il goûta son ragoût, le trouva aigre et fit la grimace. Il y ajouta quelques herbes aromatiques qu’il avait pris la précaution d’emporter. Un peu plus haut, une piscine naturelle lui permit de se baigner, au moment où sa fille débarquait, les yeux ensommeillés. Elle le rejoignit et ils se nettoyèrent de la poussière de la route, avant de retourner se réchauffer. Il savait qu’il ne pourrait jamais s’élever au-dessus de sa condition, toutefois, il espérait, un jour, pouvoir bien marier sa fille.