Le nénuphar géant
L’histoire de la Puce et du Colosse
Le nénuphar géant
Par un matin gris, j’ai croisé d’anciens amis, dont un qui avait un sérieux problème.
Le Colosse était bien embêté. Il voulait faire plaisir à la Puce, mais elle faisait un nouveau caprice.
Elle rêvait d’accueillir dans son nouveau jardin un nénuphar géant. Mais sous nos latitudes, ils ne subsistaient pas longtemps.
Ils poussaient plutôt dans les régions chaudes et ici, il ne pourrait pas s’adapter. De plus ces plantes vivaient dans l’eau et la toute petite mare ne suffirait pas à contenir une plante de cette envergure. Le colosse allait devoir agrandir la mare et l’abriter sous une serre assez vaste pour contenir également un jardin.
Il savait que le lézard s’était fait aménager ce genre de verrière, mais il devait en concevoir une d’un très grand diamètre. Et la structure se devrait d’être élégante pour satisfaire la Puce. Il s’était longtemps creusé la cervelle sans avoir trouvé de solution.
Démuni, le Colosse fit appel à son ami Ramoli. Ils avaient rendez-vous dans un troquet de gare, qu’affectionnait le rat. Le Colosse attendait depuis trois bons quarts-d’heure, quand Ramoli arriva enfin. Sans s’excuser, il prit commande d’une bière mousseuse à souhait.
Le Colosse lui exposa son problème, parce qu’il ne voulait pas simplement trouver un nénuphar géant, mais il en voulait un extraordinaire.
Le rat lui proposa de voir avec les magiciens de Convoitise, ils sauraient certainement où trouver la merveille que cherchait son ami. Le Colosse se demanda si le rat n’avait pas perdu la tête, il n’avait jamais entendu parler d’un tel endroit. Voyant sa stupéfaction, Ramoli expliqua qu’il connaissait le passage vers un autre monde magique. Le Colosse s’apprêtait à partir, lorsque que le rat sortit une grosse bille luminescente, qui changeait de couleur. Le rat frotta la bille, qui se mit à fredonner une mélodie inconnue et merveilleuse.
Subjugué par la bille ensorceleuse, le Colosse écouta les explications du rat avec attention.
Puis il décida de le suivre dans les méandres des rues étroites de Convoitise, vers la boutique d’un herboriste qui pourrait peut-être les renseigner.
Ramoli avait commis quelques juteuses affaires avec cet herboriste et avait une très forte envie de voir son jardin merveilleux.
C’est les moustaches en émoi que le rat entra dans la boutique.
Méfiant, l’herboriste considéra les deux compères et posa son œil sur le Colosse. Le pauvre homme fut si impressionné par le géant, qu’il le vit avec des mains démesurées. Le Colosse sourit timidement à l’herboriste, mais il lorsqu’il s’aperçut que ses mains prenaient de l’ampleur, il les cacha précipitamment derrière son dos.
L’herboriste produisit un léger sifflement et les mains du Colosse reprirent leur taille initiale.
Il s’excusa auprès du Colosse et lui offrit un élixir, au cas où l’incident se reproduirait.
Puis il écouta patiemment leur histoire et leur indiqua un ami collectionneur qui pourrait certainement les aider.
La Puce se demandait où était passé son géant favori alors qu’elle avait tant besoin de lui.
Elle faisait les cent pas autour de sa petite table de salle à manger en se rongeant les méninges.
Pendant ce temps, le Colosse se démenait pour passer inaperçu parmi les gens tout en essayant de ne pas perdre de vue Ramoli qui l’entraînait vers des rues de plus en plus encombrées.
Puis ils débouchèrent enfin sur une grande artère et empruntèrent un chemin moins fréquenté.
Enfin, ils se retrouvèrent sur une voie déserte, au bout duquel un panneau affichait : Bout de route.
Le Colosse se demanda où avait encore bien pu le conduire ce fichu rat. Quand il lui indiqua un magicien en lui expliquant que c’était le fameux collectionneur que leur avait indiqué l’herboriste.
Sympathique, le mage leur ouvrit et les invita à boire un thé harmonieusement parfumé.
Après avoir fait plus ample connaissance, l’homme se fit une joie de leur fournir une des ses pousses favorite, non sans leur avoir fait subir une visite détaillée de son fabuleux jardin.
La Puce commençait à s’inquiéter, son Colosse était absent depuis plusieurs jours et elle n’avait aucune nouvelle de lui.
Elle allait appeler la police quand elle entendit le portail s’ouvrir et une armée d’hommes équipés de porte-documents entrèrent sans avoir sonné au préalable. Éberluée, elle n’aperçut le Colosse qu’après avoir composé le 17 et raccrocha au nez de son interlocutrice.
Elle courut à la porte et l’ouvrit en grand, l’air mi-furieux, mi-intrigué.
Le Colosse lui adressa un large sourire et brandit fièrement un bocal dans lequel une plante était bercée au gré des pas du géant. Elle lui demanda ce qui se passait. Il lui indiqua un homme en costume et le présenta en tant qu’architecte. Il allait lui construire une immense verrière à l’abri de laquelle pourrait s’épanouir de magnifiques plantes autour d’un lac artificiel contenant un nénuphar géant.
La Puce sauta de joie et voulut immédiatement admirer la merveilleuse trouvaille de son ami.
Lorsque les architectes furent partis, tous deux sirotèrent un thé au jasmin sur la terrasse, tout en rêvant à leur future serre.
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