Les mystères de La Combe
Ce matin, je vais vous plonger dans un univers que je trouve fort étrange.
Dans un petit hameau coincé entre deux montagnes, que l’on nomme La Combe, des neiges précoces chargent en trombes incessantes.
Ce bourg est accueillant l’été, mais l’hiver glacial et très peu d’habitants y demeurent à l’année. Juché à une altitude élevée, La Combe conserve un secret enfoui au fond de sa mémoire de pierre.
Autrefois isolé, il est désormais accessible par voie aérienne et un héliport flambant neuf l’équipe, pour le bonheur de ses habitants qui se refusent à le déserter, le froid venu.
Toutefois, lors des monstrueuses tempêtes qui règnent en maîtresses absolues à ces hauteurs, La Combe retrouve son isolement tenace. Il avait été en effet prévu de creuser une route jusqu’au hameau, mais l’idée fut très vite abandonnée, à cause de circonstances mystérieuses qui retardèrent tant le projet que le le coût des travaux devint vite exorbitant. Mais ne nous attardons pas sur ces détails, les jours raccourcissent et j’ai décidé de passer la période hivernale au bourg silencieux. J’espère ainsi découvrir quelques uns des secrets que renferme La Combe.
Je déambule dans les rues escarpées du bourg encore endormi. L’air glacial m’englobe comme une chape de plomb. Tout semble statique sous cette brume étouffante. Je cherche à découvrir un passage vers le mystère de ce hameau, qui demeure inaccessible malgré mes investigations.
Puis un passage presque invisible s’ouvre soudain à moi. Dévoilé par un souffle léger, ce boyau étroit m’entraîne sur des pavés durs et verglacés. J’ai l’impression de marcher depuis des lustres et je ne sens plus le bout de mes doigts. Je les enfourne dans mes poches et continue ma progression. Plus j’avance, plus les ténèbres profondes m’avalent, au point que je ne parviens plus à détecter mes pieds givrés et je finis par perdre la notion du temps.
Je marche longuement, jusqu’au moment où je n’arrive plus à sentir la présence du mur humide sur ma gauche. Malgré mes doigts glacés, je réussis à allumer maladroitement mon vieux briquet. L’étincelle qui surgit brutalement du néant se répercute sur les parois d’une sorte de grotte aux formes irrégulières. D’après mes calculs, je dois avoir atteint le cœur de La Combe.
Je m’accroche à des lambeaux de réalité qui s’échappent malgré tous mes efforts pour les retenir. J’ai beau essayer de trouver un sens à ce qui m’entoure, rien n’est cohérent. Je flotte au centre d’une pièce informe, des sortes de meubles et d’ustensiles indéfinissables se percutent autour de moi comme des satellites autour d’une planète. Ma raison vacille, mais j’esquive les objets qui cherchent mon contact.
Puis mon briquet crache une dernière fois avant de me lâcher définitivement.
Je hurle de terreur !
Je suis seule dans le noir.
Dans la folie qui m’englobe, j’ouvre les yeux malgré moi sur l’endroit où je vais bien pouvoir me poser.
Et, là…
La panique qui m’avait submergée disparait, remplacée par un émerveillement profond. Loin de chercher à m’écraser, les accessoires qui m’entourent m’offrent un spectacle enchanteur. Partout des lueurs minuscules brodent un tissu polychrome arachnéen, où chaque goutte de lumière est une étoile qui brille de mille éclats. Les parois ne sont pas en reste, des cristaux de glace renvoient le tout en miroir, tels des joyaux exposés pour mon seul plaisir.
Au moment où je me demande comment me sortir de là, j’atterris en douceur sur un soyeux lit de feuilles mortes. Mes pas me portent jusqu’à une estrade, où sur une table de givre, se trouve un coffret ouvert. J’avance la main et effleure le tissu velouté sur lequel repose une clé d’argent. Je prends la clé et la glisse dans ma poche comme une voleuse.
Aussitôt que j’eus touché la clé, un étourdissement m’emporta et je perdis connaissance.
Dans mon lit, je m’éveillai, perdue, ne sachant plus où je me trouvais. Je repris vite mes esprits et regardai autour de moi, mon appartement parisien, ma valise faite, mon passeport en règle sur la table et mon billet de train sortit de mon sac à main. Je n’étais pas partie en fin de compte, j’avais rêvé tout ça, La Combe et les passages mystérieux, les gens étranges de ce petit bourg perdu… Pourtant, cela semblait si réel.
Engourdie, je me levai, je portais mon pyjama rayé rose et blanc. Un renflement dans ma poche m’indiqua que j’y avais oublié un objet.
J’en sortis une clé toute simple en fer nu. Je ne me rappelais pas posséder une telle clé, mais mes préoccupations du moment étaient autres. Je posai la clé sur la table et ouvris mon sac, un prospectus en glissa au sol que je ramassai. Il s’agissait d’un prospectus vantant les paysages et les mystères de La Combe. Je me souvins d’avoir pris ce papier au comptoir de l’hôtel de La Combe. Je n’avais pourtant apparemment pas bougé de mon lit.
J’examinai de plus près le prospectus et y trouvai un encart mentionnant la clé des songes. Ni une, ni deux, j’interrogeai internet sur ce phénomène. Peu de pages concernaient La Combe, mais j’en ouvris une qui me renseigna. Y était inscrite la manière d’utiliser une clé des songes. Je suivis les indications à l’aide de la clé de fer trouvée dans ma poche. Je me dirigeai vers la porte de ma chambre que je fermai à double tour, puis j’utilisai la mystérieuse clé, tournai et me retrouvai tout à coup dans ma chambre d’hôtel de La Combe. Satisfaite, je descendis à la salle à manger et commandai un petit déjeuner complet.
Mes aventures allaient pouvoir commencer.
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