Des mots une histoire 88
Des mots une histoire 88
Des mots une histoire
Sur le thème de mots imposés d’Olivia Billington, création d’une histoire d’après des mots imposé.
Les mots imposés pour la 88ème de Des mots, une histoire sont : église – attendre – châtrer – midi – pauvre – chose – toujours – diable – alors – envie – décrire – accomplir – étal
Histoire de ferronnerie 6
Comme vous le savez, Aurore n’a pas un caractère très facile, ce qui l’entraîne parfois dans des situations cocasses, voire parfois difficiles. Mais le jour où elle s’en prit au fils du bourgmestre fut un de trop. Après un désaccord avec Marcus, le ton monta un peu plus haut que d’habitude et Aurore sortit son couteau, menaçant le fils du bourgmestre de le châtrer s’il ne la laissait pas tranquille. Le pauvre diable la prit au sérieux et courut se réfugier dans les jupons de sa mère. Cela donna lieu à un esclandre entre le bourgmestre et le père d’Aurore. Le forgeron savait que sa fille grandissait et qu’elle attirerait bientôt la convoitise, malgré ses airs de garçon manqué. Une rousse pulpeuse laisse rarement la gente masculine indifférente. Mais il croyait avoir encore quelques années devant lui. Bras croisés, le forgeron laissa le bourgmestre pérorer sans réagir, sachant que le fils unique de son interlocuteur se plaignait au moindre souffle qui le décoiffait. Il était midi et les gens sortaient de l’église, les grands cris du bourgmestre attirèrent la foule qui négligea les étals bien garnis pour assister au spectacle. L’envie de crier plus fort que le bourgmestre titilla le forgeron, mais il savait que s’il lâchait la bride à son tempérament, il risquait d’envenimer la situation. A bout de souffle, le bourgmestre cessa ses invectives, satisfait d’avoir eu le dessus sur un homme fort. Toujours est-il que les choses n’allèrent pas plus loin cette fois-ci. Mais le forgeron savait qu’il devrait quitter le bourg au plus vite, les langues ont tendance à extrapoler une anecdote et à la décrire sous un tout autre jour. C’est pourquoi le forgeron accomplit sa journée de travail sur le qui-vive. Puis, sans attendre, il commença à préparer ses bagages. C’est alors qu’Aurore rentra à la maison.
– « Que fais-tu ? »
– « Prépare tes affaires, nous devons quitter la ville. »
– « Quoi ? A cause de Marcus ? Mais… »
– « Ne discute pas ! C’est toujours la même chose. Quand on s’installe dans un village, on sait que ce n’est jamais pour longtemps. »
Aurore soupira très fort, elle savait que quand son père avait pris une décision, il était inutile de revenir dessus.