L’histoire du miel de fée
L’histoire du miel de fée
Ce matin, je vais vous parler de la fois où, par une nuit sans lune, j’observais la vie nocturne de ma fenêtre. Environ une minute avant minuit, j’aperçus un scintillement près de la souche du peuplier.
J’entendis, provenant de la même direction, des stridulations et un chœur que le vent m’envoyait par bribes insouciantes et hachées. Je ne sais pourquoi, je ne pus résister au charme qui m’enveloppa et je descendis au jardin. Le temps d’arriver sur place me sembla une éternité paresseuse, à tel point que lorsque je fus tirée de mon songe, je me retrouvai dans la verdure ondulante et fraîche. J’étais seule, en pyjama et frissonnais de froid dans l’air impassible et glacé. Médusée, je restai les bras ballants à m’interroger. Au bout de minutes hagardes, je me fixai un rendez-vous à la même heure, le lendemain.
Ce matin là, je retourne donc voir si j’aperçois encore la lumière étrange qui m’avait envoûtée.
Je n’entrevis aucune lueur, ne perçut aucun son provenant du site mystérieux. Que s’était-il donc passé ? Le phénomène bizarre n’existait-il que dans mon imagination débridée ? Je décidai d’en avoir le cœur net et de ne pas quitter mon poste d’observation tant que je n’aurai pas résolu l’énigme. Un mois s’écoula paisiblement sans mouvements singuliers.
Puis un soir, alors que je somnolais, une berceuse vint me chatouiller les oreilles. La nuit sombre étalait son manteau d’ombres inquiétantes sur le jardin et je suivis la mélopée jusqu’aux lumières, irréelles. Lorsque la musique cessa, je me retrouvai à nouveau perdue, sans références, dans un univers où mes sens n’avaient plus d’attaches avec la réalité. Il me fallut un certain temps pour me remettre de mes émotions, du moins pour reprendre pied et corps avec ce qui m’entourait. Alors que je m’apprêtais à rentrer, j’entrevis au sol, contre une racine, un petit objet brillant. Je me baissai pour le ramasser et découvrir un pot contenant une sorte de liquide. Encore abasourdie, je retournai dans ma chambre en examinant la minuscule fiole.A peine plus grosse qu’un dé à coudre, elle ne devait pas contenir plus de dix grammes d’un produit transparent, qui révélait des éclats roses et dorés, selon son exposition à la lumière.
Je me penche sur le mystérieux liquide ambré que j’ai trouvé hier, je soulève doucement le couvercle et hume un délicat parfum sucré, indéfinissable. J’y plonge le bout du doigt et en extrait une texture suave, on dirait du miel. Je lis dans mon dictionnaire du monde des lutins et autres farfadets, que leur miel est magique. Tiens, en quoi peut-il être magique ? Voyons, le goût en est certes exceptionnel, mais il faut que j’en connaisse les propriétés. Il existe une bibliothèque cachée qui n’apparait qu’une fois l’an.
Je dois la trouver pour connaître les secrets des fées.
Je tisse une toile mystique pour entrer en contact avec les initiés. Si jamais j’y parvenais, je vous tiendrais informés.
J’ai cherché les traces des thaumaturges, sans résultats et je n’ai malheureusement pas trouvé d’autres renseignements sur les fées pour le moment.