Sur les traces de la souris Rose
Sur les traces de la souris Rose
Ce matin, j’interromps mon reportage sur la Morgodanie, pour vous faire part d’une nouvelle inquiétante : la souris Rose a disparu !
Elle séjournait en Corse, où elle flânait d’une plage à l’autre, puis un soir, elle n’est pas rentrée à son hôtel alors qu’elle avait réservé pour trois jours. Des recherches ont été entreprises, mais sans résultat. Voilà cinq jours qu’elle n’a plus donné signe de vie. Il faut dire que ses fans la poursuivaient pour la photographier et elle ne savait plus où aller pour leur échapper. On l’aurait vue monter à bord d’un monumental yacht, mais à son arrivée au port, elle ne se trouvait pas à bord. Des investigations ont été lancées pour la retrouver. Je vous tiendrai informés des progrès de l’enquête dès que j’aurai des informations.
Je me lève un peu inquiète, la souris Rose a disparu. Personne n’a pu me dire où elle se trouvait, alors j’ai entrepris de la rechercher. Sur le panneau d’affichage de l’hôtel, parmi de nombreux clichés, je découvre ceux des passagers d’un bateau, dont l’un représente la souris Rose sur un transat, une coupe de champagne à la main.
Quelque peu soulagée, j’interroge les clients de l’hôtel où elle séjournait, j’apprends qu’elle aurait embarqué sur un gigantesque yacht nommé l’Extravagant, appartenant à un riche armateur. Mais lorsque je m’entretiens avec les plaisanciers, ces estimables personnes m’annoncent qu’elle aurait débarqué à Nice. Je prends donc le premier train en partance pour le sud avec l’espoir de découvrir de nouveaux indices.
J’arrive à peine à Nice que je perds déjà la piste de la souris Rose. Elle aurait séjourné une nuit dans un hôtel proche de l’aéroport en attendant son vol pour Paris. Puis elle serait montée dans le premier avion en partance.
Si j’avais su, je l’aurais attendue à Charles-De-Gaulle.
Malheureusement, je vais faire l’aller-retour sans détour. Mon billet retour à peine changé, je me dépêche d’atteindre la porte d’embarquement, sous les yeux effarés de la préposée aux bagages. Tant pis, mes valises me rattraperont ultérieurement, pas le temps de les enregistrer, sinon, je vais manquer le dernier appel. Je saute à bord juste à temps, la charmante hôtesse a failli me claquer la porte au nez. Installé tout à mon aise, je rage de n’avoir pas pris le temps de me renseigner sur les arrivages avant d’embarquer à Paris. A présent j’ai au moins cinq à six heures de retard sur la souris Rose.
Je reprends contact avec mon ami responsable de la sécurité de l’aéroport qui me réservera les vidéos des passagers entrants.
A mon atterrissage, je suis pris en main par le garde de service qui me conduit directement au centre vidéo de l’aéroport. D’après les descriptions que je lui ai transmises, il m’a préparé les cassettes de l’horaire demandé.
Sous nos yeux, la souris Rose se découpe dans une tenue de voyage de haut standing et nous la suivons jusqu’à une limousine noire aux vitres teintées. L’immatriculation relevée, je m’engage vers la suite de mon périple.
Précision de dernière minute : Je suis tombée sur un fax plus qu’intéressant.
Il s’agirait d’un échange de lettre entre la souris Rose et la souris Verte. Tout ceci se déroule chez Valentyne.
J’ai suivi les indications de Valentyne et suis allée faire un tour sur Vénus (où là, où là. J’ai rencontré là-bas des personnages fort sympathiques, mais personne n’y a vu la souris Rose. Je suis donc rentrée et avec l’aide d’un détective privé, j’ai pisté la limousine aux vitres tintées, elle aurait déposé la souris Rose à la Tour d’Argent.
J’ai d’abord cru à une blague, mais j’ai pu obtenir des infos confidentielles d’un des serveurs qui l’aurait photographiée.
Elle aurait dîné avec un magnat du pétrole saoudien. Que manigance-t-elle encore ?
Puis elle serait retournée à l’aéroport et aurait emprunté un jet privé. Mais je n’ai pas pu en connaître la destination. Il va me falloir jouer des pieds et des mains pour suivre sa trace, cette fois.
Je perds une nouvelle fois la trace de la souris Rose. Elle n’aurait pas réapparu depuis son dîner de la veille.
Zut !
Je l’ai encore ratée.
Bon, ce n’est pas le moment de paniquer, il faut que je la ramène à temps pour la rentrée. J’hésite un instant avant de demander l’aide de Ramoli.
Qui sait ce qu’il va me demander en échange de ce service ?
Tant pis, je l’appelle !
Il me dit immédiatement que depuis Paris, elle a pris un jet privé pour Midland, où elle est arrivée il y a une heure. Elle s’est directement rendue au siège du magazine, elle remet son reportage au rédacteur en chef et je suis rassurée. Le rat m’informe qu’elle s’est bien amusée et qu’elle a interviewé des personnes intéressantes.
Et moi qui ne rapporte que du vent.
J’interroge la souris Rose pour savoir ce qu’elle a fait lors de son séjour dans l’espace. D’après les révélations de Valentyne, elle aurait été vue aux environs de Zénobie.
Finalement après maintes tergiversations, elle m’a révélé s’être amusée comme une jeunette à servir le thé aux étonnants amis de « Dame Zoene ».
D’étranges créatures en fait, mais relativement inoffensives, sauf en ce qui concerne l’extrême susceptibilité des vénusiens dont le contact peut s’avérer mortel. En dehors de ça, elle m’affirme que ce sont des créatures tout à fait charmantes. La souris Rose regrette de n’avoir pas pu passer plus de temps en apesanteur, elle devait rentrer afin de rapporter ses notes à son rédacteur en chef, qui soit dit en passant, est également le mien.
La souris rose rosit en m’annonçant qu’elle a rencontré l’Émir du Kirdan, petit état du sud, formant la frontière entre Convoitise et Aldomam.
L’homme a un grand esprit d’indépendance et fait tout pour que la guerre qui menace entre ses deux états voisins ne soit pas déclarée. Il est chargé de faire respecter le cessez-le-feu et d’organiser des rencontres entre les deux protagonistes. Les représentants des deux pays se sont présentés, mais aucun accord n’a encore abouti. La souris Rose est conviée à assister à la prochaine session, dont la date n’est pas encore déterminée.
Sous ses dehors sérieux, l’Émir est un grand artiste, il aime peindre et pratique le piano régulièrement.
Ce matin, la souris Rose est en réunion avec le rédacteur en chef des Échos de Midland afin de tenter de le persuader de lui confier une importante mission sur le terrain.
Mais le responsable des ventes ne l’entend pas de cette oreille, il prétend que la miss, avec ses goûts de luxe, ne pourra pas se passer de son confort quotidien. Sur ce point je ne saurais lui donner tort au souvenir de sa dernière expédition à Convoitise qui a bien failli faire crouler le journal sous les notes de frais. Toutefois, elle ne semble pas vouloir céder aux refus successifs qu’elle essuie et entend bien vaincre les réticences de ses détracteurs. Elle argumente en affirmant pouvoir séjourner gratuitement chez l’Émir et tout frais payé qui plus est.
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